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L’importance du dépistage de l’AOMI en soins primaires pour les diabétiques : MESI mTABLET ABI dans une étude clinique


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Mesure de l’indice pression systolique chez les patients atteints de diabète de type 2 en médecine générale

Auteurs de l’étude : Flavia Fiorini (supervisée par le Prof. Mario D’Uva), Université Sapienza de Rome, Italie. 

En 2022, le système MESI mTABLET ABI a été utilisé dans le cadre d’une étude en vue d’une thèse à la Faculté de pharmacie et de médecine (département des sciences médico-chirurgicales et des biotechnologies) de l’Université Sapienza de Rome (Sapienza Università di Roma). Dr Flavia Fiorini (sous la tutelle de Pr Mario D’Uva) a utilisé le système de diagnostic MESI mTABLET ABI pour étudier la faisabilité et l’utilité de la mesure de l’IPS chez les diabétiques de type 2 au niveau des soins primaires. La thèse conclut que la mesure de l’IPS pourrait contribuer au diagnostic précoce de l’AOMI, optimiser les ressources de santé et améliorer l’accès au traitement de la maladie en Italie.

Dans ce blog, nous aborderons les points suivants : 

Le contexte de l’étude

Chez les patients atteints de diabète de type 2 (DM2), la probabilité de développer une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est 1,5 à 4 fois plus élevée que chez les non-diabétiques. La prévalence et l’étendue de l’AOMI augmentent avec l’âge et avec la sévérité et la durée du DM2. Les normes italiennes pour le traitement du diabète (Standard Italiani per la Cura del Diabete Mellito 2018) [2] recommandent une mesure annuelle de l’indice de pression systolique à la cheville (IPS) chez tous les patients diabétiques, quel que soit le niveau de risque. La même recommandation figure dans les lignes directrices ESC/EASD 2019. [3]

Cependant, la mesure de l’IPS avec la sonde Doppler portable, traditionnellement considérée comme la méthode de référence, n’a lieu en Italie que de manière limitée – et uniquement dans les soins secondaires. Cela est dû à la expertise requise, qui non seulement limite l’accès à l’examen en raison du manque d’opérateurs expérimentés, mais contribue également à son coût élevé.

En revanche, la mesure de l’indice de pression systolique automatisé ne prend que quelques minutes ; cela pourrait permettre non seulement une plus grande accessibilité, mais aussi une plus grande fréquence de ces examens. L’objectif de ce travail était d’étudierla faisabilité et l’utilité de la mesure (automatisée) de l’IPS chez les patients atteints de DT2 en médecine générale (soins primaires).

L’étude a été menée entre février et novembre 2022. Elle s’est déroulée dans plusieurs cliniques de médecine générale et au siège des centres de santé primaire de l’UCP (Unità di Cure Primarie) à Cisterna, dans le sud-ouest de l’Italie. Les patients de 7 médecins généralistes ont été pris en compte, avec une population d’environ 10 250 individus. Tous les patients diagnostiqués avec un DT2 et sans diagnostic connu d’AOMI ont été inclus dans l’étude. L’IPS automatisé a été mesuré à l’aide du MESI mTABLET ABI, un appareil de mesure sans fil qui utilise la méthode oscillométrique de la pléthysmographie. La mesure de la pression artérielle aux extrémités et le calcul de l’IPS sont automatisés, et le processus ne dure qu’une minute

Impact de l’AOMI

L’introduction de la thèse rappelle un certain nombre d’impacts de l’AOMI (et des maladies cardiovasculaire  MCV en général) sur les diabétiques. Nous n’en citerons que quelques-uns.  [1]

Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la principale cause de décès chez les patients atteints de diabète. Chez ces patients, l’athérosclérose se développe précocement et rapidement en raison de causes multiples. Les diabétiques adultes sont deux fois plus susceptibles de développer une cardiopathie ischémique que les patients non diabétiques.

Les diabétiques atteints d’AOMI sont généralement plus jeunes, présentent un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé, sont plus souvent neuropathiques et présentent un plus grand nombre de comorbidités cardiovasculaires par rapport aux non-diabétiques. Chez ces patients, la maladie artérielle obstructive progresse rapidement, généralement de manière distale et bilatérale. Les parois artérielles sont souvent calcifiées, les obstructions étant plus fréquentes que les sténoses. 

En cas de lésions artérielles des membres inférieurs, l’AOMI chez le diabétique touche le plus souvent les vaisseaux situés sous le genou (les artères tibiale et péronière). Elle est symétrique et multi-segmentaire. Elle peut également toucher les vaisseaux collatéraux. Les lésions artérielles dans les vaisseaux infrapoplités sont liées à un risque élevé d’amputations majeures si une revascularisation n’est pas effectuée. 

Environ 27 % des patients diabétiques atteints d’AOMI voient leur maladie progresser au cours des cinq années suivantes et 4 % d’entre eux subissent une amputation chirurgicale majeure ; environ 20 % subissent un événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral). 

Rôle des soins primaires

Les associations italiennes de diabétologues et d’endocrinologues ont souligné la nécessité pour les soins primaires d’adopter un rôle plus actif dans le traitement du diabète. Dans une déclaration commune de 2012, l’Association des diabétologues (Associazione medici diabetologi, AMD), la Société italienne de diabétologie (Società italiana di diabetologia, SID) et l’Association italienne d’endocrinologie (Società italiana di endocrinologia, SIE) ont souligné l’importance de renforcer l’implication et la coopération avec les médecins généralistes afin d’assurer les meilleurs soins possibles aux patients diabétiques. À cet égard, il serait essentiel que les médecins généralistes soient remboursés pour pouvoir prescrire des thérapies innovantes pour le diabète [1] [4]

Les concepts « d’équipe de prise en charge du diabète » et de « réseau de soins intégrés » ont également été proposés. Ils impliqueraient que les médecins généralistes jouent un rôle plus actif dans la prise en charge des patients diabétiques. Cela prendrait notamment la forme d’un « dépistage de la fragilité » périodique afin de les orienter vers les soins les plus appropriés à leurs besoins spécifiques. Ainsi, le médecin généraliste serait le premier point de référence pour les diabétiques s’ils ne nécessitent pas de soins complexes et lourds. Cependant, des mesures allant dans ce sens doivent encore être mises en œuvre. [1] [4]

Les résultats de l’étude

La mesure de l’IPS a été réalisée sur 153 patients : 80 hommes (52,29 %) et 71 femmes (46,41 %). Parmi les patients, 16 d’entre eux (10,46 %) présentaient une valeur d’IPS significative pour l’AOMI. Et celle-ci était significativement associée à plusieurs facteurs de risque dont : la sédentarité (p=0.001) ; la dystrophie cutanée (p=0.008) ; l’ancienneté du diabète (>9ans, p=0.020) ; l’absence de traitement antiplaquettaire (p=0.025) ; la rétinopathie (p=0.001). [1]

L’objectif de l’étude était de montrer l’efficacité, l’utilité et les bénéfices de la mesure desIPS comme outil de diagnostic précoce de l’AOMI chez les patients DM2 asymptomatiques en soins primaires (médecine générale).

L’IPS représente l’approche diagnostique de première ligne tant pour le dépistage que pour le diagnostic de l’AOMI. Il est simple à réaliser, non invasif et présente une spécificité et une sensibilité élevées. De plus, il est rentable et facilement reproductible s’il est réalisé avec des appareils oscillométriques automatiques.  

Il serait donc souhaitable de mettre en œuvre la mesure des IPS dans la pratique clinique standard dans les parcours de soins diagnostiques et thérapeutiques (des diabètiques. Dans ce cadre, il serait recommandé aux médecins généralistes de proposer à leurs patients un dépistage annuel de l’AOMI avec mesure des IPS. Cela permettrait :

  • De détecter précocement l’AOMI et prévenir de ses complications,
  • D’orienter uniquement les patients dont les valeurs de l’IPS sont indicatives d’une AOMI vers un examen d’echodoppler. Il en résulterait une plus grande accessibilité à l’examen d’echodoppler, une réduction des coûts et une optimisation des ressources de santé.