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Utilisation de l'indice de pression systolique à l'orteil (IPSO) dans le soin des plaies


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Les plaies chroniques sont une pathologie désocialisante  et coûteuse. Elles touchent souvent des patients présentant des comorbidités, ce qui entraine des retards de cicatrisation  ou empêchent l’application de traitements spécifiques. Par conséquent, le traitement et la prise en charge des ulcères des membres inférieurs comprennent l’identification de la physiopathologie sous-jacente, des facteurs de risque et le diagnostic précis des plaies.

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Respecter les étapes susmentionnées est souvent plus facile à dire qu’à faire, même dans les pays économiquement développés qui disposent de systèmes de santé bien financés et organisés. Une étude approfondie menée au Royaume-Uni sur la qualité des soins des plaies a révélé que 40 % des patients souffrant d’ulcères de la jambe ne bénéficiaient pas d’une évaluation de l’indice de pression systolique (IPS) (ou celui-ci n’avait pas été mentionné dans le dossier du patient). En outre, environ 31 % des patients atteints d’ulcères veineux de la jambe inclus dans l’étude ne recevaient pas de compression médicale adaptée (une méthode de traitement standard  pour les ulcères de jambe d’origine veineuse) [1].

Ainsi, savoir si un patient souffrant de plaies chroniques est également atteint d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est de la plus haute importance pour le professionnel impliqué dans le soin des plaies, non seulement du point de vue médical (assurance  d’un traitement adéquat), mais également d’un point de vue juridique (faute professionnelle). Sous-estimer la gravité de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) ou mal diagnostiquer des ulcères peut avoir de graves conséquences. Cela nous amène à un autre avantage de l’IPS : la différenciation entre les différents types d’ulcères de la jambe.

Les ulcères veineux de la jambe causés par une insuffisance veineuse chronique (IVC) sont de loin le type d’ulcère le plus courant et représentent 72 % de tous les cas d’ulcération des membres inférieurs, suivis par les ulcères d’insuffisance artérielle (ulcères ischémiques), qui représentent 10 à 30 % des ulcères diagnostiqués, et les ulcères neuropathiques qui constituent 15 à 25 % des plaies [2]. La liste des plaies chroniques comprend également les ulcères lymphatiques et infectieux bien qu’ils ne représentent qu’un très faible pourcentage de tous les cas. Une étude approfondie de 555 patients souffrant d’ulcères chroniques de la jambe a révélé que seulement 2,5 % d’entre eux avaient des ulcères lymphatiques [3].

Certains types de plaies (ulcères d’insuffisance artérielle) sont considérablement plus difficiles et plus coûteuses à traiter que d’autres (ulcères veineux). Certains patients peuvent présenter des ulcères d’étiologie mixte, ce qui complique le traitement [3]. Dans ce cas, la mesure de l’IPS est extrêmement utile :, elle permet non seulement de différencier les ulcères artériels et veineux, mais aussi de révéler l’étendue de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). En conséquence, il est possible de déterminer si le type compression médicale (aucune, compression forte ou inélastique)  est appropriée ou s’il est nécessaire de recourir à d’autres méthodes de traitement. Cependant, certains patients présentant une plaie sur la cheville trop importante ou à risque de médiacalcose bénéficier d’un autre type d’évaluation.

Quand faut-il effectuer une mesure de l’IPSO en plus de l’IPS ?

L’utilité de la mesure de l’IPS va au-delà du diagnostic de l’AOMI et du type de plaie, et s’étend à la santé cardiovasculaire globale. L’indice de pression systolique (IPS) est reconnu comme un indicateur indépendant pour améliorer la précision de l’évaluation du risque cardiovasculaire, au delà du score de risque de Framingham [5]. Toutefois, malgré tous ses avantages, la mesure de l’IPS présente un seul inconvénient majeur : elle ne peut être effectuée pour le diagnostic de l’AOMI chez les patients ayant des artères incompressibles [6]. Ces patients sont généralement atteints de diabète, d’insuffisance rénale ou de polyarthrite rhumatoïde [7-9]. Selon les recommandations, les patients doivent d’abord subir une évaluation de l’IPS et si le résultat est >1,4 le clinicien doit effectuer la mesure de l’IPSO. En utilisant l’appareil MESI ABPI MD ou le système MESI mTABLET ABI, le clinicien sera averti en cas d’artères incompressibles.

Il existe heureusement d’autres méthodes de diagnostic de l’AOMI . Il s’agit de la mesure de la pression au gros orteil et de l’indice de pression systolique à l’orteil (IPSO). L’évaluation de l’IPSO est une procédure de diagnostic assez similaire à la mesure des IPS, puisqu’elle implique la mesure de la pression artérielle. Cependant  il faut souligner trois différences essentielles. La zone de mesure sur les membres inférieurs est différente (orteil au lieu de la cheville), la détection à l’orteil se fait avec un brassard considérablement plus petit et un capteur photopléthysmographique et le résultat n’a pas la même echelle de valeur que l’IPS. Contrairement aux artères des jambes, celles des orteils sont plus rarement affectées par la calcification (mécanisme le plus courant contribuant à l’imcompressibilité  des artères), ce qui les rend adaptées à la prise de mesures de la pression artérielle [10].

Dans ce cas, nous pouvons effectuer la mesure de l’IPSO à la place de l’IPS chez les patients souffrant de douleurs dans les membres inférieurs (dues à des ulcères ou à d’autres causes) [11, 12].

Le fait de disposer à la fois d’outils d’évaluation de l’IPS et de l’IPSO donne aux professionnels des plaies/compression médicale la possibilité d’évaluer tous les types de patients. L’IPS et l’IPSO jouent un rôle important dans le dépistage préventif de l’AOMI (à tous les niveaux de soins : médecins généralistes,  cardiologues, diabétologues, etc.). LL’évaluation des IPSO (et de la pression au gros orteil) devrait être inclus dans le diagnostic des plaies pour ainsi améliorer  les taux de cicatrisation.

Des études ont montré que la pression des orteils (supérieure à 30 mmHg) est un facteur prédictif cliniquement significatif du potentiel de cicatrisation des plaies. Uune faible amplitude de l’onde de pouls des orteils est associée à un risque plus élevé d’amputation et de décès chez les patients présentant des lésions cutanées et des maladies artérielles [13, 14]. Dans ce contexte, l’évaluation de l’IPSO est recommandée pour le diagnostic de l’ischémie critique des membres inférieurs (ICM) chez les patients à risque et est considérée encore plus précise à cet égard que l’IPS [15]. Enfin, nous pouvons noter que l’IPSO a une valeur diagnostique au-delà du contexte de l’AOMI et des plaies chroniques. Un IPSO faible est associé à un risque accru de récidive de MCV chez les patients atteints de diabète de type 2 et à une progression de la néphropathie diabétique chez les diabétiques de type 2 [16, 17].

L’évaluation de l’IPS est un outil inestimable et polyvalent dans le soin des plaies, mais elle peut s’avérer insuffisante lors de l’évaluation des patients ayant des artères incompressibles, qui nécessitent alors une évaluation supplémentaire sous la forme d’une mesure de l’IPSO.